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  • christopheruaults

Le discours d'une vie



« J’ai l’honneur, au nom du gouvernement de la République, de demander à l’Assemblée nationale l’abolition de la peine de mort en France… ».


Pour convaincre et frapper les consciences, toute prise de parole en public suppose de l'engagement et celui-ci naît, d'abord et avant tout, de la sincérité. De l'importance de l'alignement entre le fond du discours et celui ou celle qui le porte. La cohérence comme préalable à l'éloquence.


Quelle plus belle illustration de ce postulat que ce discours, prononcé par Robert Badinter devant l'Assemblée nationale le 17 septembre 1981, entré depuis dans l'Histoire. Parce qu'il venait du plus profond de ses convictions, le garde des Sceaux nouvellement nommé avait mis un point d'honneur à l'écrire lui-même, de la première à la dernière ligne. Qui d'autre aurait su trouver les mots mieux que lui ?


Les quelques extraits ci-dessous sont à ce titre...éloquents. L'intonation, l'élocution, les silences, le regard. Ce discours vibre d'une intensité rare parce qu'il pèse le poids d'un combat engagé presque dix ans plus tôt, quand l'avocat Badinter n'avait pu sauver la tête de son client, Roger Bontems. À la tribune de l'Assemblée, l’émotion affleure sur son visage et dans sa voix (tout en restant maîtrisée). Elle dit combien cette "plaidoirie" est celle d’une vie.


L'art oratoire, comme tout art, repose sur des techniques qui permettent d'éviter les faux pas, mais jamais un orateur n'aura autant l'écoute de son public qu'en lui offrant une part de lui-même.


Ch.R.

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