Puisque la bataille des retraites est aussi une bataille de communication, que peut-on penser du tout récent et fracassant "64 ans, non négociable" d'Elisabeth Borne ?
Qu'il marque un changement de tonalité dans le discours quand jusqu'à présent le gouvernement mettait en avant son esprit d'ouverture et de dialogue concernant sa réforme, lequel revirement peut apparaître comme un raidissement, donc comme le signe d'une certaine fébrilité, alors que les sondages indiquent un rejet grandissant du projet dans l'opinion depuis la mobilisation du 19 janvier.
Qu'il sous-entend si l'on reprend la formulation exacte, "Ce n'est plus négociable", que ça l'avait été mais que les syndicats ont raté le coche et donc qu'ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes. On serait tenté de voir dans ce sous-texte, au mieux de la mauvaise foi, au pire une rhétorique perverse. Beaucoup n'y manqueront pas.
Que si le report de l'âge de départ à la retraite fut un temps négociable, pourquoi ne pourrait-il pas le redevenir ? De quoi donner du grain à moudre à ses opposants.
Qu'il n'est pas sans rappeler furieusement le "droit dans mes bottes" d'Alain Juppé en 1995 (qu'on lui attribue souvent en réaction à la mobilisation massive contre sa réforme, déjà, des retraites, alors qu'il l'a prononcé quelques mois plus tôt à propos de l'affaire liée au loyer de son logement et de celui de son fils; toujours est-il qu'aujourd'hui ces mots renvoient dans l'opinion à l'image d'un 1er ministre rigide et inflexible devant la pression de la rue).
Qu'il n'est, pour toutes ces raisons, pas la meilleure sortie d'Elisabeth Borne depuis que la bataille est engagée, à fortiori à l'avant-veille d'une nouvelle journée de mobilisation contre sa réforme.
Ch.R.
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