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Les voies de la culture sont impénétrables



« Dans la peau de John Malkovich », vous vous souvenez ? Ce film dont le personnage principal, après avoir emprunté un passage dérobé, se retrouvait dans le corps de l’acteur John Malkovich. Que j’aurais aimé en trouver un pour m’amener dans la tête de Rima Abdul-Malak, notre ministre de la culture ! Pas n’importe quand, au moment précis où elle décidait de nommer chevalier des Arts et des Lettres le chanteur antillais Francky Vincent. Quelle fut sa motivation ? Le souvenir d’avoir, un soir, pu s’abstraire de la dureté du monde en dansant sur « Fruit de la passion » ? Nous, contribuables français, voudrions savoir. C’est tout de même grâce à notre argent que sera fondue la médaille qui bientôt brillera sur le poitrail de l’auteur-compositeur-interprète de « La braguette d’or », « Ta touffe m’étouffe » et « Constipation ! ».


Rappelons que l’ordre des Arts et des Lettres est une décoration honorifique qui récompense « les personnes s’étant distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu'elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde ». Un peu d’histoire en sus (oui, Francky, c’est la bonne orthographe) : c’est en 1957 que la toute première promotion en fut arrêtée, on y trouvait Georges Braque, Marc Chagall, Le Corbusier ou encore Marcel Pagnol. 65 ans plus tard, que faut-il en déduire ? Que « Tu pues du cul » vaut « La gloire de mon père » ? Et « Caca poule », « La femme du boulanger » ? Que pour le rayonnement de la France à l’étranger, « Tu veux mon zizi » et « La chatte à la voisine » font jeu égal avec le plafond de l’Opéra Garnier ? Ces questions me font faire de terribles cauchemars, dans lesquels Francky Vincent devient lui-même ministre de la culture, Bigard, secrétaire perpétuel de l’Académie Française, et où l’œuvre de Patrick Sébastien est inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco.


Faute de trouver le passage menant au cerveau de Rima Abdul-Malak, pourrions-nous au moins savoir comment le nom de Francky Vincent s’est retrouvé sur la liste de la section des distinctions honorifiques, avant d’être proposé au Conseil de l’ordre des Arts et des Lettres qui l’a validé, puis soumis à la ministre ? Toute une chaîne de responsabilités sur laquelle il faudra bien un jour faire la lumière. Des triades antillaises ont-elles fait pression dans l’ombre, menaçant quelques hauts-fonctionnaires de les faire zouker sur « Alice ça glisse » et « Ça zigounette » jusqu’à ce que mort s’ensuive ? La moustache d’Edwy Plenel en frétille déjà. En attendant, la culture française continuera de rayonner à travers le monde grâce à l’action résolue de ministres avisés.


PS : on m'apprend qu'une place serait d'ores et déjà réservée au Panthéon pour l’auteur de « Viens ce soir dans ma cabane, tu ne connaitras pas la panne. Viens ce soir dans le bungalow, me faire voir tes gros lolos ». D’ailleurs, Panthéon, ça rime avec nichon.

Ch.R.

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