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  • christopheruaults

Pauvres riches



CONVERSATION SECRÈTE 🎧


C'est le titre du film d'espionnage avec lequel Francis Ford Coppola obtenait la Palme d'or à Cannes en 1974. Il collerait parfaitement à la fascinante série documentaire en 3 volets de Netflix, "L'Affaire Bettencourt : scandale chez la femme la plus riche du monde", de Baptiste Etchegaray et Maxime Bonnet. Une sombre histoire de famille, devenue affaire d'État. Une tragi-comédie dans l'univers feutré des "ultra-riches" 💰


Son fil conducteur, les enregistrements clandestins réalisés en 2009-2010 par le majordome de celle qui n'aurait pas eu assez d'une vie pour compter ses millions. Les véritables enregistrements, où l'on entend Liliane Bettencourt converser avec ses visiteurs dans le salon de son hôtel particulier à Neuilly (principalement son gestionnaire de patrimoine, Patrice de Maistre).


C'est un vrai défi que de faire un documentaire à partir d'une bande-son. Une mise en scène astucieuse pallie à ce handicap, avec les entretiens de la vieille dame reconstitués depuis une caméra positionnée en hauteur, nous offrant une vue plongeante, à la verticale, sur le boudoir où le magnétophone du maître d'hôtel - qui se veut justicier - n'en perd pas une miette.


Devant une tasse de thé en porcelaine de Chine, on y parle de François-Marie Banier, le chouchou de la milliardaire, premier bénéficiaire de ses largesses (plus de 900 millions d'euros, tout de même), de Françoise Bettencourt Meyers, la fille mal-aimée, qui ne supporte pas qu'un autre reçoive l'affection dont elle-même a été privée, de Sarkozy ("Mon flirt" comme l'appelle l'héritière de L'Oréal), de comptes offshore, et encore et toujours, d'argent. Énormément d'argent. Des montagnes d'argent 💸


C'est finalement l'histoire d'une dame âgée, claquemurée dans sa prison dorée depuis trop longtemps pour ne pas être séduite par un dandy charmeur, qui la sauve de l'ennui en l'emmenant courir des vernissages ; une dame affaiblie, vulnérable, qui signe sans rechigner de très gros chèques, pour peu qu'on le lui demande gentiment (sauf si c'est l'administration fiscale !)


La même année que "Conversation secrète", sortit un autre film, "Une femme sous influence" (de John Cassavetes). On prend aussi.


Ch.R.


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