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christopheruaults

Une interview qui fait "pschitt"



Ce dimanche sur France 2, Laurent Delahousse recevait Sylvain Tesson. L'écrivain est l'objet d'une polémique depuis la publication d’une tribune collective sur le site de Libération pour contester sa nomination en tant que parrain de l’édition 2024 du Printemps des poètes (qui se tiendra en mars à Montpellier). Extrait : « Comme l'a largement montré le journaliste indépendant François Krug dans "Réactions françaises. Enquêtes sur l'extrême-droite littéraire" (un essai publié au Seuil en 2023), Sylvain Tesson fait figure de proue de cette extrême-droite littéraire, aux côtés de Michel Houellebecq et Yann Moix, un triste panel d'écrivains en vogue dont les prétendus accidents de parcours se révèlent en réalité les arcanes d'un projet d'une sinistre cohérence que nous refusons et condamnons. »


Sylvain Tesson ne s'étant pas encore exprimé à ce propos, on attendait avec d'autant plus d'intérêt sa réponse aux signataires de la tribune (1200 personnes du monde de la culture). « Je me suis posé une question : quel est mon crime et qui sont mes juges ? » a-t-il d'abord confié. Est-il réellement une « icône réactionnaire », se contente d'interroger Delahousse ? « Je veux bien avouer que j’aime ce qui demeure plutôt que ce qui s’écroule, je préfère admirer plutôt que me révolter… On peut dire que je suis réfractaire… Mais ils ont trouvé un mot conformiste et qui clôt le débat : extrême-droite. Précisément, la poésie et la littérature, c’est ce que je croyais moi, pauvre naïf, être l’endroit où tout est permis, où tout est possible, où tout se contredit, se télescope, c’est la liberté. » Cette polémique, selon l’intéressé, est « symptomatique d’une incapacité à accepter que des choses puissent être autre chose que soi-même. »


L'écrivain sait manier le verbe (et la plume, brillamment, ce que personne ne nie), mais comme dirait Cyrano, « C'est un peu court, jeune homme », car sur le sujet il aurait pu dire « bien des choses en somme ».


Encore aurait-il fallu que Laurent Delahousse ait envie d'aller au fond des choses en questionnant Sylvain Tesson sur ce qu'on lui reproche : La politique vous intéresse-t-elle ? Où vous situez vous de ce point de vue ? Que pensez-vous de ce que François Krug écrit dans son livre à propos de vos accointances avec l'extrême-droite ? Ce terme revêt-il une réalité selon vous ?


Hélas, en lieu et place d'un exercice journalistique en bonne et due forme, on eut droit à une conversation de salon, une interview outrageusement bienveillante, Delahousse se rangeant clairement du côté de l'écrivain contre ses accusateurs et le laissant s'en sortir par quelques phrases bien troussées (avec ses habituelles questions rhétoriques, auxquelles un regard perdu dans le vide est censé donner de la profondeur). Rappelez-moi le numéro de sa carte de p(a)resse ?


S'il doit y avoir un jour un Printemps des journalistes, on n'est pas à l'abri qu'il soit demandé à Delahousse de le parrainer. « Non, merci ! » (comme dirait Cyrano).


Ch.R.

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