"Être français en 2024, c'est pouvoir être Premier ministre en assumant ouvertement son homosexualité". Ainsi Gabriel Attal concluait-il mardi son discours de politique générale devant les députés.
La chose a été abondamment commentée sur les réseaux sociaux 🗣 Passons sur les homophobes décomplexés qui n'en demandaient pas tant pour faire étalage de leur bêtise haineuse et intéressons-nous plutôt à cet argument souvent repris : cette proclamation n'avait pas sa place dans son discours, c'est sa vie privée ("On se moque de savoir avec qui il couche", "Ça ne le concerne que lui" etc.)
On peut en effet souscrire au principe. Á priori, la sexualité, c'est la vie privée et ça ne regarde personne. Mais il y a les principes et il y a la réalité. En France en 2024, il y a encore des personnes homosexuelles qui sont insultées, discriminées, harcelées, agressées pour ce qu'elles sont (+ 28% d'actes homophobes recensés en 2022). D'un couple hétéro ou d'un couple homo se tenant par la main dans la rue, lequel court le plus de risques ?
C'est donc avoir la vue un peu courte que de reprocher cette sortie au Premier ministre (sur 56 pages de discours) sous prétexte que sa sexualité relèverait de la sphère privée (ne nous leurrons pas, il y a aussi derrière cet argument, pour une partie de ses contempteurs, une homophobie qui ne dit pas son nom. Cachez cette sexualité que je ne saurais voir !)
Considérons-le plutôt comme un message adressé à celles et ceux qui vivent mal leur homosexualité à cause de discours stigmatisants, aux jeunes en particulier, qui parfois éprouvent une honte telle qu'elle les conduit au suicide (souvenons-nous du jeune Lucas, il y a un an). Ils peuvent trouver aujourd'hui en Gabriel Attal un symbole émancipateur et positif. Pourquoi ne pas s'en réjouir ?
Pas question pour autant d'en faire un étendard. L'orientation sexuelle du Premier ministre ne le rend pas meilleur ou pire que ses prédécesseurs, il sera donc autant critiquable qu'eux en tant que chef du gouvernement. Pas de totem d'immunité pour le benjamin (à part, bien sûr, le 49.3) 😉
Ch.R.